Webmaster Daisy

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15. Hito no te ashi wo ken to omoe
      Pensez aux bras et aux jambes des gens comme des sabres. 

 hito : les gens
te ashi : bras et jambes
ken : épée, sabre
to omoe : pensez

 Règle 15. 
Nos bras et nos jambes sont comme des épées... ceux de l'adversaire aussi ! Funakoshi demande de considérer le karate comme un art martial à part entière qui doit être pratiqué avec le plus grand sérieux ; "Cela implique de dépasser les simples notions d'application et de sincérité dans l'entraînement. Pour chaque déplacement, chaque mouvement de main, vous devez imaginer que vous affrontez un ennemi armé d'un sabre à la lame tranchante."  Funakoshi raconte que son professeur Yasutsune Azato avait déjà affronté à main nue Kanna Yasumori, un maître de sabre d'Okinawa et a gagné l’affrontement. Son conseil était;Pensez aux mains et aux pieds d'un homme qui, adepte du karate, s'est entraîné, en les considérant comme de véritables sabres. Dans l'ancien Okinawa-te, le corps était utilisé comme une arme. Hito no te ashi wo ken to omoe réfère au principe même du coup frappé, l'atemi. Cette méthode de combat utilisait le principe du coup porté avec force et vitesse et précision sur des points particulièrement vulnérables de l'adversaire (points vitaux). Selon le but recherché, l'atemi provoque la douleur, la paralysie, le bris d'os ou d'articulation, l'évanouissement, soit la mise hors de combat momentanée ou définitive.

 16. Danshi mon wo izureba  hyakuman no tekki ari
       Passé votre foyer, 1 million d'ennemis attendent

danshi : homme, mâle
mon : porte, barrière
izureba : si [ quelqu'un ] sort 
hyakuman : 1 million
tekki : adversaire, ennemi

 Règle 16. 
Les risques de troubles sont plus importants hors de chez soi, il faut donc redoubler de vigilance. Funakoshi est né sur l'île d'Okinawa ; à plusieurs reprises, au cours de leur histoire, les Okinawaiens se trouvèrent confrontés à l’invasion de forces étrangères. L’esprit de vigilance et de résistance devint une seconde nature, d’une population perpétuellement menacée parce qu'elle se trouvait au centre des routes commerciales des Mers de Chine. Chinois, Japonais, Malais, Phillipins, et des pirates soumirent l'île pendant des siècles à des attaques et des occupations permanentes. Un tel destin forge la mentalité d'un peuple, et ce sur plusieurs générations.  Il est rapporté que Funakoshi n'abordait un coin de rue qu'en le contournant largement afin de ne jamais pouvoir être surpris, et qu'il apprenait à ses élèves comment tenir ses baguettes en mangeant ou son bol de riz pour pouvoir faire face instantanément à tout danger.

De son côté, l'histoire du Japon est aussi marquée par d'incessantes guerres locales, et luttes que se livrèrent les princes, Shogun et Daimyo, par l'intermédiaire de leurs samouraïs et de leurs troupes personnelles.  Dans le passé, le Japon a connu des tentatives d'invasion, dont deux par les Mongols. Funakoshi a aussi connu la Guerre du Pacifique dont le bilan, pour les Japonais, est de 2 060 000 morts (3 % de la population), dont 186 000 civils japonais qui ont été tué par les forces alliées dirigées par le Général américain Mac Arthur. C'est à cette époque qu'a été détruit par les bombardements des B-29 américains, le premier Dojo Shotokan.

 17. Kamae wa shoshinsha ni ato wa shizentai
       Position formelle pour les débutants, position naturelle pour les avancés.

 kamae : maintien, position, structure, aspect
shoshinsha : personne inexpérimentée, novice(s)
ato : plus tard
shizentai : position normale


Règle 17.
Un débutant doit apprendre et maîtriser toutes les positions, pour obtenir une position naturelle bien plus tard. Un avancé sera capable instinctivement de se tenir naturellement, de façon détendue. Vous ne devez pas raidir votre corps ; vous devez toujours vous détendre pour être prêt à une quelconque attaque d’une quelconque direction. Quand le vent souffle, le chêne rigide résiste et casse, la brindille flexible se courbe et survit.

 18. Kata wa tadashiku jissen wa betsu mono
       La pratique(kata) doit être faite correctement (parfaite),
 car le combat est autre chose. 

 Kata : forme, routine d'exercice de karaté
tadashiku : correctement
jissen : vraie bataille, vrai combat, vraie guerre
betsu mono ; chose séparée, autre chose

Règle 18.

Le caractère utilisé ici pour le kata ici ne signifie pas nécessairement un kata comme Heian Shodan et semblables. Il est habituellement employé pour décrire une forme littérale. On parle ici, de la pratique des techniques de base. Nakayama explique dans ses livres Best Karaté, qu'une personne qui met l'accent sur le combat en négligeant la pratique des techniques essentielles sera vite devancé par celui qui s'est entraîné longtemps et assidûment avec les techniques de base.

Les katas et les exercices de base sont la moelle de l'entraînement du Karate Dô. Anko Itosu disait "Respectez la forme des katas, ne cherchez pas à en travailler l'esthétique. En combat réel, il ne faut pas s'embarrasser ou se laisser entraver par les rituels propres aux katas, le pratiquant doit dépasser le cadre imposé par ces formes et se déplacer librement en fonction des forces et faiblesses de l'adversaire.''

À travers l’apprentissage des techniques et du geste parfait, le karatéka développe son énergie vitale, le Ki, mais se construit un état d’esprit, leShin, fait de maîtrise de soi qui le détourne de la violence à travers laquelle il s’est en quelque sorte formé. La voie de l’art martial authentique se doit d'être une voie éducative, celle de la paix et de la non-violence. Il y a dans tout art du Budō, trois composantes intimement liées dont la proportion varie en fonction de l’âge et du niveau dans la progression du pratiquant : les éléments corporels (Tai), les éléments techniques (Ghi), les éléments mentaux (Shin). La méconnaissance de l’un comme de l’autre de ces principes entraînerait très vite le pratiquant dans une fausse direction avec, comme résultat, la non obtention de l’efficacité réelle, voire de troubles dans son comportement au quotidien.
Les adaptation sportives contemporaines des Budō anciens n’expriment que très faiblement (et pour certains, pas du tout), ce type de préoccupation. Ainsi la pratique systématique de la compétition privilégie parfois trop largement les résultats externes (l’ennemi est au dehors), au détriment de la recherche interne (l’ennemi est en soi), qui devrait être la véritable motivation du Budoka.

 19. Chikara no kyojaku, ka rada no shinshiku waza no kankyu wa wasuruna
       n'oubliez pas le contrôle de la dynamique de la puissance,
 de la flexibilité du corps,
et de la vitesse                           relative des techniques.

chikara : puissance
kyojaku : force + faiblesse, force relative
tai ; corps
shinshuku ; expansion et contraction, élastique, flexible
waza ; technique
kankyu ; vitesse relative, lent et rapide
wasaruna : n'oublie pas

Règle 19. 

En Japonais il y a des termes précis pour les mots contradictoires. L'idée d'expansion et de contraction du corps semble difficile à comprendre,shinshuku se réfère également à la flexibilité de base, qui semble beaucoup plus raisonnable. Un muscle peut s'étirer à sa longueur maximale pour ensuite se contracter, il y a une grande corrélation entre la flexibilité d'un muscle et sa vitesse.  "Soyez flexibles, soyez forts, soyez rapides, et employez chacune de ces qualités convenablement pour un résultat maximum." Lors d'un impact sur une cible,le bras qui frappe doit rester tendu assez longtemps pour permettre le transfert de l'énergie accumulée, mais aussi se détendre assez rapidement pour que toute l'énergie puisse être abandonnée dans la cible.

Lors de l'exécution d'un kata, toutes les techniques ne doivent pas être faites à la même vitesse, la même force, le même rythme d'un bout à l'autre. Avec Bassai Dai, par exemple, on apprend le calme et l'agilité, la puissance et les changements, les techniques lentes et rapides, la dynamique de la puissance, comment tirer parti d'une situation embarrassante et changer de blocage. Avec kanku, on apprend les techniques rapides et lentes, la dynamique de la force, la souplesse du corps, la rotation, le saut et la reprise d'appui au sol.

20. Tsune ni shinen kufu seyo
      Perfectionnez-vous sans arrêt. 

Tsune ni : tout le temps
shinen : pensée
kufu : le dispositif, adaptation, invention, moyen
seyo : faîtes-le

Règle 20.

Il faut vivre ses règles quotidiennement. L'objectif final de la pratique du karaté ne touche pas à la seule maîtrise technique, mais vise l'unité du corps et de l'esprit en toute occasion. Cet état d'esprit puise sa légitimité à la source de cet art martial : le combat. Pour espérer vaincre, il faut opposer à l'adversaire ses habiletés et aussi l'ensemble de ses ressources mentales : la concentration, la volonté, la calme, l'esprit de décision. L'un sans l'autre ne peut conduire à l'efficacité absolue. La recherche de la perfection et de l'harmonie dépasse le seul stade de l'art du combat pour devenir un moyen d'épanouissement intérieur. Le but n'est plus de vaincre un quelconque adversaire. Il est de se dominer soi-même entièrement, physiquement et mentalement. Le karate-dō, devient un des moyens possibles pour atteindre cet objectif. Savoir-faire et savoir être en toutes circonstances. Puis juste au moment ou nous croyons avoir réussi, nous découvrirons que nous devons apprendre davantage. Nous continuons sans cesse d'apprendre et de grandir tout au long de notre vie...
 

L'homme de progrès travaille toujours pour se perfectionner.

C'est une vertu.

La plus haute est d'initier les autres. 
G.Funakoshi .